Maroc – Mal-Mondialisation Régionalisée
Initialement publié le 13 Mai, 2015 dans El Jadida Scoop: Dr. Said El Mansour Cherkaoui: Le « Mal Développement » et la Stratégie de la « Mal Mondialisation » du Maroc
Mal-Globalisation Développement et Mal-Mondialisation Régionale
“Ce n’est pas en construisant des Shopping Malls avec Victoria Secret qui flirte avec la faillite globale et des autoroutes étroites a deux voies que l’on réussit son développement.
Ce n’est point en important un TGV que l’on accélère le développement de l’infrastructure routière et logistique de transport.
Cette photo fut prise le 26 juin 2015, une voiture d’un train à grande vitesse TGV produit par Alstom est chargée dans le port de La Rochelle sur un navire partant pour Tanger, au Maroc, . Le président français Emmanuel Macron est au Maroc pour inaugurer avec le roi Mohammed VI, le 15 novembre 2018, la nouvelle liaison ferroviaire à grande vitesse TGV entre Tanger et Rabat. (Photo de Xavier LEOTY / AFP)
Victoria Secret et Renault/Nissan – Peugeot et autres assembleurs aéronautiques ne garantissent ni une feuille de route pour la réduction de la pauvreté et ni fait octroyer une sélection internationale pour l’Émergence mondiale dont le Maroc veut en faire partie a tous les prix.
Lorsque on regarde l’Histoire récente de l’économie marocaine, vu sa situation par rapport a l’Europe en premier et comme maillon de transition vers l’Afrique et même le Moyen Orient, on trouve qu’elle a toujours été acculée a répondre et a s’adapter aux exigences extérieures et a se défendre contre les appétits des opérateurs internationaux. Conséquences de ce phénomène extraverti, c’est que le Maroc n’a point réussi a s’intégrer localement et régionalement par rapport a son intérieur et a ses capacités locales sur l’axe montagnard de l’Atlas, le Nord Rifain, le Souss et la région du Dra comme créneaux complémentaires.
Cette situation a produit au Maroc, et cela même avant les années quatre-vingt-dix, ce que l’on a désigné par la suite par le «mal-développement». Les conséquences de ce « mal-développement » furent ainsi renforcées par la mondialisation et l’intégration de certains secteurs productifs, opérationnels, marchands et financiers qui ont fait aboutir toute l’économie marocaine dans une impasse et dont mon article aborde les grandes lignes et les remèdes possibles.
On utilise ici le terme de créneau dans le sens du concept:
Le créneau est considéré dans cet article en tant qu’entité économique favorable au réel développement économique basé sur une intégration synergique des systèmes de recherche et des secteurs productifs de toute l’économie nationale et cela a travers l’harmonisation de leurs inputs et outputs et la réalisation de leur complémentarité productive, scientifique, humaine et technologique afin de répondre a la fois aux besoins locaux, régionaux et nationaux.
Un créneau d’excellence se définit comme un ensemble d’organisations :
- Aux activités connexes et interdépendantes, qui collaborent entre elles et se concurrencent;
- regroupées sur un territoire défini;
- Constituant un secteur où la région a su se démarquer grâce à des compétences et à des produits particuliers;
- Employant des chercheurs et une main-d’œuvre qualifiée
De cette dichotomie résulta une dualité productive qui a récusé et fait reculer la production agricole de subsistance, a fait chuter la participation du secteur national industriel dans la création de l’emploi et a gonfler le fléau du secteur informel tout en contribuant à la perte de vitesse et au recul du système éducatif, prônant aussi, la privatisation et l’inflation de diplômes honorifiques et non productifs ou même répondant a la stratégie de « mal développement » mise en place, et enfin l’expansion de la corruption qui fut une tare héritée du colonialisme. Le second volet de l’impact combiné du « mal développement » et la « mal mondialisation, » c’est que le Maroc est dorénavant mis en face des incertitudes et des risques de dérapage de l’économie mondiale. Cette surexposition est une vulnérabilité supplémentaire de l’économie marocaine et ne fait qu’accentuer les déséquilibres financiers, économiques et même ceux régionaux dont les conséquences peuvent être résumées comme suit:
– Les importations des produits énergétiques, malgré une baisse en valeur relative, continuent d’être un lourd fardeau pour la balance des paiements et dans le déficit commercial puisque « à fin août 2014, la valeur des importations énergétiques a baissé de 2%, en glissement annuel, pour s’établir à 65,5 milliards de dirhams, représentant près de 25% des importations totales de marchandises contre 26% en 2013 et 27% en 2012. » Aussi, la baisse des cours du pétrole a permis un soulagement temporaire pour les pays importateurs tout en accentuant la pression sur les pays Européens d’implanter un assouplissement monétaire.
– Cependant, une ambivalence peut résulter de cette politique monétaire, puisque certains pays ne favorisent nullement la baisse de leurs taux d’intérêts, voyant en cela une stimulation de l’inflation et une réactivation de la crise financière qui peut déboucher sur une stagflation. De ce fait, des incertitudes persistent pour l’économie mondiale et le Maroc par ses choix stratégiques demeurent sur le palier exposé aux courants instables du froid venant du Nord.
Dichotomie et Paradoxe de l’Intervention Economique de l’Etat:
En parallèle à cela, le Maroc et ses composantes politiques et sociales avaient et continuent d’emprunter et de favoriser dans le choix de leurs programmes de développement, la voie de l’imitation et de la reproduction des valeurs institutionnelles en grande partie de la Métropole Française et des Grands Groupes Financiers. Dans ce sens, la constitution elle même en reflète cette inspiration comme le furent les différents plans quinquennaux adoptés et même la privatisation menée en tambours bâtons de tous les secteurs clés de la personnalité économique marocaine et cela en faveur de certains « cercles privés présélectionnés et élitistes » étrangers et leurs alliés locaux. Ces mesures et ces décisions furent prises par l’Etat et ses institutions représentatives, et continuent d’être organisées et conditionnées par l’intervention de l’Etat en tant que régulateur de l’activité extérieure et internationale du Maroc.
Dans un tel environnement qui est modelé et prédéterminé par l’impact de l’Etat dans toute initiative de taille nationale, pratiquement et réellement et même en utilisant des exemples précis ou des stratégies de développement de relance et d’ajustement économique, il est devenu difficile de permettre au Citoyen Marocain ou même un groupement de marocains de pouvoir changer le cours de choix politiques qui sont dans un sens imposé par l’activité internationale des Grands Groupes Economiques et la volonté de l’Etat d’en être le traducteur au niveau national (voir: http://www.finances.gov.ma/Docs/2014/DB/ref_fr.pdf).
La Politique Partisane Economique au Maroc et ses Références Externes:
L’acharnement des dirigeants actuels des partis politiques de vouloir faire du Maroc et de le faire accepter dans les sphères de décision de la finance internationale et de l’insérer dans les rouages de la mondialisation en tant qu’un pays émergeant, a produit des contrecoups et des dichotomies.
« Parallèlement aux efforts d’intégration à l’économie mondiale, le Maroc s’est engagé dans un processus de transformations structurelles importantes confortées par les politiques sectorielles mises en place et le succès des métiers tournés vers l’international, notamment, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique. » (Pour en savoir plus, voir: http://www.finances.gov.ma/Docs/2014/DB/ref_fr.pdf, page 3).
L’élaboration du Projet de Loi de Finances 2015 (PLF 2015) reproduit les mêmes analyses et conclusions si ce n’est le même verbiage du document rédigé par Marie ALBERT, Flore BOUVARD, Guillaume CLÉAUD, Samuel DELEPIERRE, Marie MAGNIEN et publié par le Ministère des Finances et des Comptes publics et Ministère de l’Économie de l’Industrie et du Numérique de France intitule: « Lettre: La situation économique mondiale à l’été 2014, » n° 135 Septembre 2014,
http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/404452
En somme, le Maroc demeure Métropolitain-Francisé, même dans ses discours parlementaires, justificatifs de ses actions stratégiques de croissance économique. En réalité, c’est en cela même que le suivisme des dirigeants politiques fait aboutir l’économie marocaine dans une impasse. La « Mal Mondialisation » n’est plus juste au niveau de l’imitation erronée et du placage d’une économie manquant de structures diversifiée au niveau des exportations et de son tissu industriel interne, mais aussi au niveau de l’importation de l’expertise technique intellectuelle et analytique pour nos Ministres d’économie et des finances.
De ce fait, la référence de base pour l’élaboration et le cheminement de la pensée et de l’évaluation de l’environnement international par les dirigeants actuels du Maroc, demeure aussi assujetti aux observations et aux expériences externes n’ayant aucun lien direct avec la réalité marocaine dans sa structure et histoire et ses capacités de conception de stratégies nationales. Dans un tel environnement décisionnel tourné vers l’extérieur pour tous ses compartiments conceptuels, le déficit chronique des comptes extérieurs est le premier signe de la « mal intégration » de l’économie marocaine dans le marché mondial, alors que les structures productives et opérationnelles du Maroc ne sont point adaptées ou prêtes a faire face aux défis et aux concurrences des pays ayant des bases et des capacités d’exportation diversifiées doublées d’une assise financière nationale et robuste.
En conclusion et faute de trouver une autre thérapie, d’ordre local, régional et national, dans sa raison d’être et sa portée, le Maroc restera à la merci de l’état de santé de la mondialisation.
Quand l’Europe éternue, l’économie mondiale tousse et la France accuse le coup, le Maroc attrape froid.
A PROXIMITÉ
http://cherkaouijournal.com/saidelcherkaouiworksafrica/
I – Le sous-développement est aujourd’hui considéré comme le produit du système mondial capitaliste
par J. Dessau & Gérard Destanne de Bernis
II – Développement Durable Généralisé du Maroc
Réponse de Said El Mansour Cherkaoui
par Said El Mansour Cherkaoui
I – Le sous-développement est aujourd’hui considéré comme le produit du système mondial capitaliste
par J. Dessau & Gérard Destanne de Bernis
La recherche théorique
La prise de conscience du phénomène du sous-développement est historiquement liée à l’ébranlement général du colonialisme au lendemain de la deuxième guerre mondiale : les gouvernements indépendants sont soucieux de mener une politique efficace ; les puissances coloniales espèrent sauvegarder leurs empires en démontrant qu’elles apportent le développement. La même attitude conduira par la suite les Etats-Unis à l’Alliance pour le progrès.
Le phénomène est si nouveau pour les économistes qu’ils cherchent d’abord à l’appréhender à l’aide de vieux concepts. Le thème de la « reconstruction » (appliqué aux backward areas) constitue une très brève tentation (Mandelbaum, 1945). Même si les institutions de Bretton-Woods se donnent pour objectif de rétablir le vieux monde tel qu’il était et si la Banque mondiale porte encore ce thème dans sa dénomination, très vite le problème est situé ailleurs.
Le keynésianisme est alors à son apogée : d’où l’idée d’appliquer ses « recettes » (politique de travaux publics, argent bon marché) aux pays « pauvres », dont on considère simplement qu’ils sont en état de dépression chronique.
Cette position subit cependant les critiques fortes de François Perroux, qui démontre que la « théorie générale » est spécifique à l’Angleterre des années 30 (Istanbul, 1949). Osman Okyar, V.K.R.V. RAO et l’Indian Economic Review affirmeront que le mal de ces pays est beaucoup plus profond et nécessite des solutions qui lui soient adaptées. L’absence totale de progrès dans les pays concernés vérifie leur thèse et conduit à un type nouveau d’analyse.
Les pays sous-développés sont victimes d’un retard au « décollage », ou, pour le dire autrement, le développement est une question de rattrapage.
Ce retard tient exclusivement aux caractéristiques de ces pays. Si l’on hésite à se rallier toujours (et seulement) au climat, à la géographie des ressources naturelles, à la religion, on énumère des critères de sous-développement dont le nombre varie selon les auteurs. En ayant énoncé une dizaine, Alfred Sauvy tranche le problème en affirmant qu’ils « s’appliquent à peu près aussi bien aux pays sous-développés de 1952 qu’aux pays occidentaux avant leur développement ».
Ce concept de retard invite à se référer aux « politiques » qui ont assuré au XIXe siècle le « décollage » des pays actuellement industrialisés. Encore ne retient-on de ces politiques que des éléments limités, quoique cohérents entre eux, dans le cadre du grand principe de la division internationale du travail, qui constitue l’ « ordre éternel » du monde. Le GATT ne tolérera quelques exceptions ou préférences que sous réserve, par ailleurs, d’un strict respect des règles du jeu.
Le retard étant dû essentiellement à l’insuffisance du capital (avec une offre de travail illimitée, A. Lewis), l’augmentation de l’investissement est la condition du « décollage » (Rostow). Dans un pays à faible revenu, et donc à marché étroit, une industrie ne peut se développer isolément. Il faut pouvoir mettre en place presque en même temps ces industries dans toutes les branches des biens de consommation afin que chacune trouve des débouchés dans la main-d’œuvre de toutes les autres : cette croissance balancée (Nurkse) est la transposition des modèles néoclassiques d’équilibre.
Encore le capital privé – à qui l’activité productive est réservée – ne sera-t-il attiré (ou retenu) que si l’Etat assure la construction de l’infrastructure nécessaire.
On admet cependant que le marché est dans ces pays un mauvais indicateur des tensions de rareté. Aussi Jean Tinbergen propose-t-il d’utiliser des prix fictifs ou shadow prices, même s’ils doivent s’appuyer sur les « prix mondiaux » qui sont loin d’être de meilleurs indicateurs. Quoi qu’il en soit, le manque de données interdisant de les calculer pour tous les produits, on ne les appliquera qu’au travail et au capital, ce qui conduit à recommander la fameuse « loi de proportion des facteurs »(Hecksher), voire l’achat des machines amorties des pays industrialisés…
Enfin, l’équilibre de la balance des paiements n’est pas seulement une contrainte mais un objectif : l’investissement doit contribuer à l’assurer (cf. la controverse du Quarterly Journal of Economics de 1953). La promotion des exportations risquant de conduire à une détérioration accrue des termes de l’échange, la production de biens se substituant à l’importation est préférable (Prebisch, Singer). Ce sera le grand thème des CNUCED successives (Genève 1964, Delhi 1968) dont la doctrine apparaîtra ainsi différente de celle du GATT.
Le thème du retard, qui a sous-tendu une littérature considérable, constitue dès cette époque, et encore de nos jours, l’essentiel du noyau de la pensée dominante.
Il est en effet rassurant aussi bien pour les uns que pour les autres : puisqu’il ne s’agit que de parcourir un chemin déjà connu pour aboutir à des structures que l’on considère comme universellement admises, une issue satisfaisante est toujours possible. L’aide internationale permettra d’en rapprocher le moment, à condition que les pays intéressés soient disposés à la sagesse et à l’effort (1).
C’est dans ce cadre, malheureusement, que la question de la population a été posée. A. Sauvy est un des premiers à considérer que le problème essentiel est de « faire face à l’accroissement de la population ». Beaucoup d’auteurs schématiseront à l’excès, finissant par affirmer : « Ils sont sous-développés parce qu’ils ont trop d’enfants ». La réduction des naissances deviendra le grand impératif pour la BIRD, sous la houlette de M. McNamara.
Mais les recommandations s’inspirant du thème du retard se révèlent inefficaces, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’elles consistent à reproduire le cadre même qui est à l’origine du phénomène du sous – développement contre lequel elles prétendent lutter.
Le blocage structurel de croissance
Dès 1952, François Perroux ouvre une voie nouvelle à la théorie du sous-développement : ce phénomène, historiquement daté, n’est pas le fait d’un retard mais d’un blocage structurel de croissance dû à deux éléments entre eux-mêmes indissociables : la désarticulation interne de l’économie, et les effets irréversibles de domination qu’elle subit de la part des pays avancés. Quant à l’objectif du développement, ce n’est pas l’augmentation du « chiffre unique » du revenu national, mais l’élévation du degré de couverture des coûts de l’homme pour toute la population.
La pensée dominante comprend immédiatement le danger et organise un silence de protection autour de la thèse novatrice. Mais les faits sont têtus, surtout lorsqu’ils sont renforcés par les actes mêmes d’un certain nombre de pays sous-développés. Aussi, dans la voie ainsi tracée, qu’il approfondira lui-même par vingt ans de travaux à l’ISEA, à l’IEDES, au Collège de France ou dans de multiples rencontres internationales, et sur laquelle progressivement un certain nombre d’économistes se retrouveront (Myrdal et ses backwash effects, 1957 ; Hirschman, qui utilisera les linkage effects pour affirmer la nécessité d’une croissance non balancée, 1958), trois grands thèmes s’imposeront.
Le facteur résiduel
Elaborant des fonctions de production moins mécanicistes et moins linéaires, on abordera ce « domaine inexploré » (François Perroux) que constitue leur « facteur résiduel » (O.C.D.E.) : l’éducation (Denison…), la planification des « ressources humaines (Tinbergen, Correa), la formation et l’animation (Lebret, IRAM, IRFED), les réalisations-pilote… constitueront un temps l’essentiel de la littérature sur ces pays, sans éviter du reste certaines déviations aussi peu vraisemblables que celle conduisant à l’expression de « capital humain ». La Conférence des Nations unies sur l’utilisation de la science et de la technique dans les régions moins développées apporte la caution de l’ONU à ce thème (Genève 1963) et l’UNIDO (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) se crée, qui n’a pas encore donné toute sa mesure.
Cette analyse s’enrichit de toute l’expérience pratique de l’effort important effectué dans cette voie par un très grand nombre de pays. Les projets de scolarisation généralisée se multiplient, des mesures sont prises pour accroître l’efficacité du système scolaire, la formation professionnelle se développe. Les budgets des Etats en sont profondément marqués. L’évidence s’impose : nous sommes très loin du fameux modèle à offre illimitée de travail. Le problème est de produire de la force de travail industrielle.
Néanmoins, la recherche scientifique reste le monopole des développés. La dépendance technologique s’approfondit, renforcée par le rôle croissant de l’engineering en cette phase du développement des techniques modernes.
L’industrialisation
La reconnaissance du sous-développement comme phénomène daté permet de lier son origine et sa nature structurelle propre. Il est le produit de l’agression de l’industrialisation européenne contre des structures déjà reconnues comme figées par A. Smith (Freyssinet), structures figées dans lesquelles les historiens n’auront pas de peine à reconnaître les diverses formations économiques et sociales de quelque mode de production asiatique, au moment où la pensée marxiste se renouvelle en s’élargissant vigoureusement (Chesneaux, Godelier, Parain). Le « dualisme » (Boeke, 1953) est à son tour profondément rénové par cette analyse.
L’accent est alors mis sur l’industrialisation, ce « processus de restructuration de tout l’ensemble économique et social sous la pression d’un complexe cohérent de machines » (François Perroux). La réflexion théorique (le modèle de Mahalanobis, par exemple, qui rejoint celui bien plus ancien de Feld’man, 1924), aussi bien que les résultats des diverses pratiques permettent de préciser les conditions de cette industrialisation. Elle doit conduire à la modernisation de l’agriculture (E. Boserup, Schultz) au risque d’échouer si celle-ci ne se rénove pas, ce qui implique une véritable réforme agraire (Dumont). Ainsi progressivement, élevant le niveau de consommation des produits manufacturés dans l’ensemble de la population, elle contribuera à la résorption du « chômage déguisé » (Gannagé, Leibenstein) et de l’ensemble du chômage.
Elle repose nécessairement sur l’utilisation systématique des effets d’industrialisation, directement déduits des « effets d’entraînement » de François Perroux, à partir de la disponibilité des produits porteurs de progrès et toujours situés à l’origine des processus productifs (A. Lowe), permettant la mise en place d’une structure industrielle cohérente à la fois dans le temps, dans l’espace et dans les relations interindustrielles. Il faut bien se résoudre à la fois aux indivisibilités, aux grandes dimensions des processus modernes, choisir les secteurs en fonction de leur efficacité et non de leur coefficient de capital (Rosenstein-Rodan). Alors, dans ce cadre, il restera à adapter les techniques (Sen, Granick, Morgault), ce qui nous renvoie au nécessaire contrôle de l’engineering (P. Judet, J. Perrin). Mais ces impératifs soulèvent « la contradiction de l’industrialisation par pôles et de l’industrialisation par territoire » (François Perroux), contraignent les pays de petites dimensions à une coopération régionale pour leur industrialisation commune, alors que la pratique la montre difficile, d’autant plus que les puissants ont les moyens de s’opposer aux associations qu’ils risquent de ne plus contrôler.
La planification se dégagera progressivement des instruments sophistiqués et abstraits qui furent un moment les siens et deviendra une pratique moins prétentieuse mais plus adéquate à maîtriser progressivement un nombre croissant des éléments de l’activité économique nationale (C. Bobrowski).
Le concept et les techniques de planification connaissent d’ailleurs une évolution profonde : le plan économique quadriennal ou quinquennal visant à rendre cohérents, à moyen terme, les flux d’investissement, de production et de consommation, tend à perdre sa position privilégiée au profit d’une part des plans prospective à long terme, de l’autre, des plans financiers à court ou très court terme. Simultanément, on se préoccupe davantage des conditions d’exécution, ce qui conduit à englober dans la planification les variables d’ordre politique, sociologique et culturel.
La rupture avec le marché capitaliste mondial
Ces discussions théoriques, mais bien plus encore les échecs de la pratique, obligent cependant à constater que les obstacles ne sont ni dans les techniques industrielles ni dans les techniques économiques, mais dans les structures sociales internes et dans cette « domination externe qu’analysait Perroux, entre lesquelles le lien ne peut être nié. Ce cadre ne peut produire que « le développement du sous – développement » (A. Gunder-Frank). Le sous-développement ne peut être vaincu que dans la suppression de cette dépendance interne-externe.
Renouveau de la pensée marxiste
C’est dans ce domaine que le renouveau de la pensée marxiste se montrera le plus déterminant : analyse structurelle du capitalisme américain (Baran, Sweezy), des relations entre développés et sous-développés (Emmanuel, Bettelheim), ou entre le centre et la périphérie (S. Amin), reprise du débat sur les formes actuelles de l’impérialisme (Magdorf, Palloix, colloque d’Alger…). C’est aussi dans ce domaine qu’elle se diffuse le plus largement, toute une série de travaux menés dans des perspectives et des systèmes analytiques très différents se rejoignant aussi bien sur les hypothèses que sur les conclusions.
La convergence est frappante entre les travaux de plus en plus nombreux sur ce que François Perroux nommait il y a dix ans « grandes firmes et petites nations », Maurice Byé, la grande unité internationale, et que l’on nomme aujourd’hui la firme plurinationale (R. Vernon, R. Marris…).
A ce niveau, l’économie est redevenue politique à tel point que certains économistes finiront par nier que l’on puisse élaborer une théorie économique des relations internationales, a fortiori du développement (S. Amin).
Mais ce que nul ne peut nier c’est que des préalables fondamentaux, au niveau des structures de pouvoir à l’intérieur du pays, au niveau de ses relations avec ses voisins immédiats, et au niveau de sa dépendance à l’égard du marché mondial, conditionnent la possibilité même d’une politique interne de développement.
Au total, le sous-développement n’est plus aujourd’hui considéré comme un phénomène isolé, il est le produit du système mondial capitaliste et il est profondément intégré à son fonctionnement (ce qui le fait apparaître actuellement comme « nécessaire » à celui-ci).
Malgré ces progrès, acquis dans les polémiques récentes, l’analyse laisse encore en dehors de son champ une multitude de faits difficiles à cerner, mais non moins évidents. S’il est important de souligner la liaison entre facteurs politiques et facteurs économiques du développement, et d’en faire apparaître quelques grands traits, c’est autre chose de savoir analyser, prévoir et maîtriser avec précision l’articulation de l’ensemble des mécanismes impliqués. Le phénomène des nationalisations (pétrole algérien, cuivre chilien…) n’a-t-il pas une portée bien plus grande qu’il n’apparaîtrait au niveau des seules apparences politiques et n’est-il pas, lié à une politique vigoureuse d’industrialisation interne, le prélude, voire la base objective d’une nouvelle division internationale du travail ? La croissance très rapide de la production industrielle dans les pays-relais de l’impérialisme (Brésil) ou dans les pays à main-d’œuvre surabondante (Hongkong, Singapour, Corée du Sud), qui ne peut être expliquée seulement par les conditions nouvelles de la concurrence internationale des capitaux, n’est-elle pas la réponse de l’impérialisme à ces pratiques nouvelles des pays qui veulent efficacement se développer et le moyen pour lui de conserver la maîtrise de l’évolution ?
Au-delà de cette irruption du fait politique, la pratique la plus concrète contraint l’analyse économique à intégrer enfin le fait socio-culturel. On s’interroge déjà avec rigueur sur le « développement qualitatif », notamment en liaison avec les atteintes à l’environnement (Boulding, Tsuru). Une prise en considération nouvelle des finalités, des objectifs et des moyens, entre eux interreliés, s’impose à l’analyse économique.
J. Dessau Enseignant à l’université des sciences sociales de Grenoble.
Gérard Destanne de Bernis
(1) Un document très significatif à cet égard est le récent rapport Pearson qui s’efforce de démontrer que, pendant les années 60, le taux de croissance des pays – baptisés maintenant contre l’évidence mais pour la bonne conscience, en voie de développement – a été plus élevé que celui des pays Industrialisés, dût-il pour y arriver ne pas reculer devant l’idée d’intégrer le produit des grandes unités interterritoriales (Maurice Byé) dans le calcul du produit national.
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Développement Durable Généralisé du Maroc
Publié le 4 Septembre 2015
Said El Mansour Cherkaoui, Ph.D.
★ Analyst World Affairs ★ Predictive Studies and Formulations ★ Planning and Development ★ United States of America ★ Europe ★ France ★ Morocco ★ China ★ Sub-Saharan Africa ★
Parmi les considérations stratégiques de tout programme politique demeure le développement de toute la nation marocaine sans aucune référence d’appartenance partisane ou idéologique. Dans cette optique, cet article en est une des expressions.
Qu’est-ce que le développement durable généralisé ?
Dans un espace démocratique, le développement durable généralisé consiste à améliorer la qualité de vie en protégeant la santé des citoyens, la préservation de l’environnement et cela a travers la poursuite et la consolidation de l’efficacité dans l’utilisation des ressources humaines, naturelles, économiques et financière afin d’établir des bases solides pour la croissance de la compétitivité économique au delà des considérations et des échéances électorales.
Dans le cadre de cette analyse, le développement durable généralisé n’est pas identifié ou amalgamé avec les définitions et les usages entrepris par ceux et celles “[qui emploient] aujourd’hui, l’expression Développement Durable [..] de manière courante : colloques, rapports et autres articles, discours… Chaque grande entreprise se doit de posséder son responsable Développement Durable. Les programmes scolaires français de géographie l’utilisent comme une notion fondamentale. Et les grandes entreprises font toutes du développement durable même celles qui exploitent les ressources de la planète et qui se contentent de quelques actions médiatiques “vertes” pour soigner leur image !”
Pour cette raison, ma stratégie de développement durable généralisé est composée et motivée par l’intégration de priorités environnementales, économiques et sociales dans les politiques et les programmes de portée tant régionale que nationale a travers a la fois l’expansion et l’intégration des capacités et des ressources locales et régionales pour en faire un bénéfice cohésif d’ordre national. Une telle cohésion stratégique nécessite une action concertée et complémentaire de la part des citoyens, de l’industrie et des autorités publiques et cela a tous les niveaux de la décision locale, régionale et nationale.
En somme, le développement durable généralisé, c’est trouver des moyens pour s’acquitter du mandat d’élu de manière à ce que les résultats désirés soient des actions et des acquis pour une longue durée qui sont généralisés dans l’exploitation comme dans l’extraction de nouvelles formes d’expansion et de réinvention des méthodes et des aspects comme des effets du développement durable.
C’est effectivement dans cette reproduction continuelle des conditions du développement a travers une croissance des secteurs productifs considérés que le Développement Durable Généralisé est appelé et se distingue de toute autre stratégie développementale ou developpementaliste par son caractère Durable et surtout généralisé.
En effet, la durabilité alliée a la généralisation de ce genre de développement est une reconnaissance de l’importance des décisions d’aujourd’hui pour les générations présentes comme pour celles de demain. 1
En termes plus laborieux, on sème aujourd’hui non pas seulement pour récolter sa propre semence mais pour préparer le transfert et le savoir-faire ainsi que le produit de la récolte pour ceux qui viendront prendre la relève lors des lendemains successifs du jour du commencement de ces récoltes.
La Création Régionale d’Emploi Légitime le Développement National:
Au Maroc, le développement régional est le conducteur de la stratégie politique d’avant-garde orientée vers l’épanouissement des Provinces du Sud et des régions oubliées ou celles qui ne furent pas incorporées dans la carte coloniale du Maroc utile.
Néanmoins, le développement durable généralisé au niveau national avec des bases régionales comme poles de croissance demeure le défi structurel, infrastructurel et institutionnel pour le Maroc pour passer a une étape et a une vitesse supérieure dans sa poursuite d’une amélioration de la condition de vie des citoyens. Le Maroc doit consolider ses bases régionales en tant qu’économie nationale gérée par des moteurs régionaux de croissance d’une stature complémentaire dans leur constitutions et ouvert vers l’innovation dans la création d’emploi. Cette donnée est la seule mesure du succès de toute stratégie entrepreneuriale.
L’amélioration des conditions de travail correspondante et la reconnaissance des droits du travail sont également des facteurs structurels et constitutifs. Une politique tournée vers la gestion du travail est a préconiser a travers non seulement l’encouragement des investissements dans l’amélioration des conditions de production mais aussi dans la modernisation technologique de l’appareil productif sur le plan de l’innovation et l’introduction de nouvelles techniques de production et de méthodes de gestion correspondante, y compris la formation et l’éducation des travailleurs.
Cette harmonisation moderniste de l’outil de travail avec la reconnaissance des droits des travailleurs stimule l’acquisition d’un nouveau savoir, l’offre et l’application de nouvelles formations techniques et l’introduction de nouvelles formes de production. De même, la diversification des secteurs industriels tant sur le plan géographique que sectoriel renforce la continuité opérationnelle a travers l’innovation et l’attraction de productions innovatrices. Ces percées pourraient de leur côté faciliter le transfert de nouvelles dimensions technologiques et le savoir-faire correspondant. Dans cette voie, le tissu industriel du Maroc pourrait devenir le moteur de la croissance économique nationale et l’exemple d’un réel take-off pour le reste de l’Afrique Subsaharienne concernant l’industrialisation d’ordre technologique de pointe.
Cette modernisation continuelle des formes opérationnelles et des unités productives doit favoriser la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et d’un personnel créatif. Dans un tel environnement, le savoir technologique et l’éducation de la force de travail imposent si ce n’est encouragent l’adaptation de curriculum et de programmes d’études et une formation technique de pointe.
L’insertion des métiers technologiques doit se dérouler en tant qu’élément principal dans la détermination régionale concernant les choix stratégiques des créneaux opérationnels et porteurs. Leur sélection respective a la fois dissociée dans la détermination structurelle et complémentaire pour les objectifs stratégiques, est basée sur leur propre réponse active et potentielle, leur niveau de flexibilité et de rapidité de réalignement sur la dualité existante entre la demande régionale et nationale et celle d’ordre concurrentielle provenant du marché international.
Le Maroc doit cesser de se faire valoir auprès des investisseurs étrangers comme étant un réservoir abondant de main-d’oeuvre a bon marché et aussi comme un environnement législatif ou les coûts salariaux sont moindres et très bas. Une telle stigmatisation est un aveu involontaire sur la fragilité des droits des travailleurs et un désaveu des progrès démocratiques réalisés au Maroc. Les ressources humaines peuvent être présentées non pas seulement en tant qu’une main-d’oeuvre laborieuse mais aussi en tant que force de travail hautement qualifiée, éduquée, adaptative et ingénieuse.
L’Infrastructure et le Développement Durable Généralisé:
L’infrastructure doit être une partie intégrante modulée sur les besoins mêmes de complémentarité et de diversification régionale tout en servant l’intégration territoriale, économique et financière. En somme, la réelle infrastructure est celle qui construit les bases sociales d’amélioration des conditions de vie des plus démunies et des couches les plus défavorisées tout en brisant le carcan d’isolement des régions les plus reculées et dépourvues. Cette concentration sur les besoins réels de telles couches sociales procure le stimulant social de base et adéquat pour la propagation du développement sociétal dans toutes ses manifestations économiques et financières ainsi qu’éducationnelles.
On ne peut construire une infrastructure dans un espace démuni de support social et n’ayant pas une valeur économique et financière qui pourrait contribuer a son propre maintien et a son amélioration. On ne peut non plus promouvoir un progrès économique en se basant sur la seule modification ou modernisation de l’infrastructure, mettant seulement en avant sa juste utilisation bénéfique et les avantages économiques et financiers fournis a des secteurs prédéterminés et dont la portée en définitive reste limitée dans l’espace social.
D’autre part, l’infrastructure n’est qu’un maillon dans la mise en place d’une chaîne de liaisons réciproques doublée d’une courroie de transmission stimulatrice des autres pôles régionaux de croissance. Dans cette optique, l’infrastructure tend a faciliter la réalisation d’une complémentarité opérationnelle et productive tout en permettant la coordination de leurs inputs dans l’approvisionnement de l’économie nationale. Pour cela, les données de la logistique doivent être développés en parallèle a la modification et a la modernisation de l’infrastructure. Dans ce cas précis, la logistique devient le dénominateur commun et le cerveau dans la distribution et l’organisation des vecteurs de cette infrastructure.
C’est effectivement par un tel processus logistique d’intégration et d’identification des multiples aspects de l’infrastructure que la finalité de toutes les initiatives entrepreneuriales deviennent effectivement centrées sur la création des emplois. La croissance et le développement de l’emploi dans les régions intérieures, les régions perdues dans la cartographie utile, les enclaves portuaires et des façades maritimes dépendent tous ensemble et en premier de l’imbrication des élus et des pouvoirs publics locaux et régionaux avec les décisions gouvernementales à l’échelon national.
Pour cela, toute inclusion des efforts régionaux et nationaux doivent se vêtir et cibler le renforcement d’un Patriotisme Economique et réduire l’impact des organismes internationaux et l’impact des investissement étrangers directs et indirects dans la direction des décisions et des affaires des pouvoirs publics.
Développement National, le Capital Etranger et l’Insertion dans le Marché International:
Pour évaluer l’impact des capitaux étrangers dans le devenir d’un pays, la France nous sert ici d’exemple vu son importance historique dans l’appropriation des investissements réalisés au Maroc et vu qu’elle est en même temps un espace ouvert aux investisseurs étrangers. Cette ouverture de la France aux flux des capitaux étrangers s’était accrue a la suite de la reconstruction de l’Europe par le Plan Marshall et durant les premières hésitations de l’intégration du Marché Commun. Cette double évolution dépendante avait favorisé la création d’un «fossé technologique» entre les Etats Unis et l’Europe a travers la Multinationalisation et l’internationalisation de la production, la distribution et la conceptualisation des produits manufacturés et de consommation courante.
Au lendemain de la mise en place du modèle d’industrialisation de masse promu par les états-Unis en Europe et au Japon au niveau de la productivité industrielle, les investissements étrangers directs d’origine des Etats-Unis imposèrent une nouvelle dimension a la division internationale du travail et a la localisation géographique des productions ayant plus de valeur ajoutée. Jean-Jacques Servan-Schreiber en fit déjà son cheval de bataille dans son fameux ouvrage «Le Défi Américain», paru en 1967, et qui reste même aujourd’hui le plus gros succès de librairie pour un essai politique.
Malgré ce cri d’alarme de JJSS, certains continuèrent de clamer haut que « La France a amplement bénéficié de ces atouts (entrepreneurial, niveau de productivité, haut niveau technologique) en attirant des investisseurs étrangers. Elle a pu ainsi compenser le manque d’investissement au sein de son propre marché. Cela explique pourquoi les étrangers détiennent presque 50% du capital des entreprises qui composent le CAC 40. Les investissements étrangers constituent donc un soutien important à l’économie française. » 2
En réalité, la France dans son élan mondialiste n’a fait qu’aggraver le niveau de sa dette publique, la dégradation de son équilibre commercial et l’accentuation de son taux de chômage.
Par contre, en Chine et aux Etats-Unis, la stratégie poursuivie traduisit une volonté et une politique manifeste favorable a l’émergence de champions nationaux dans les secteurs d’avenir. Le gouvernement chinois, dans son but affirmé de créer des champions nationaux, susceptibles de concurrencer les multinationales étrangères, accorda des aides aux groupes leaders, notamment en prenant des mesures pour faciliter les prises de contrôle d’entreprises étrangères par les sociétés chinoises.
Alors qu’au sein de l’Union Européenne, chaque pays favorisa la constitution de grands conglomérats financiers, associant activités bancaires et assurance pouvant a l’époque rivaliser avec ceux des Etats-Unis et du Japon. Ces champions nationaux ont reçu, pour mission implicite de leur gouvernement respectif, de maintenir des centres de décision considérés comme stratégiques en matière financière sur le territoire national. Fondamentalement, la constitution de champions nationaux est en rupture avec la politique de concurrence de la Commission Européenne qui vise au contraire à réduire les aides publiques aux entreprises, considérées comme des subsidies.
Dans cet environnement, « Le patriotisme économique est généralement perçu comme une invitation faite aux acteurs économiques tels que l’État, les consommateurs ou les entreprises, à favoriser les activités nationales. […..]. Trois grandes stratégies confirment le souci des États de maintenir des relations durables de confiance avec leurs entreprises nationales.” 3
Aux Etats-Unis, l’instauration d’un “Small Business Act” avait comme objectif déclaré celui de garantir plus de commandes publiques aux Petites et Moyennes Entreprise et d’accélérer la recherche-développement et l’innovation dans ce type d’entreprises. En effet, le Small Business Act réserve un pourcentage significatif des marchés publics, civils et militaires aux PME américaines.
La concurrence mondiale s’était aussi globalisée avec l’émergence des nouveaux blocs économiques et d’économies émergentes. Les autres formes et conséquences de cette globalisation résultèrent par la mise en place d’union douanière doublée de signature de traités de libre-échange. Cette succession de directives et conventions commerciales d’ordre libérales obligea les Etats des pays avancés d’imposer directement et indirectement le maintien sur le sol national des centres de décision majeurs. Cette forme de nationalisation fut complétée par la maîtrise et le contrôle d’activités et d’entreprises sensibles, indispensables à la préservation de la capacité de décision de l’État. Dans certains cas et pour ne point renier leurs engagements commerciaux du libre-échange, des barrières administratives furent ébauchées au niveau des douanes nationales par des Etats afin de retarder l’importation des produits manufacturés considérés comme concurrentiels a leurs industries naissantes.
L’intérêt national prima donc sur les conceptions libérales et d’ouverture économique prônées dans les discours électoraux. Ce qui apparaît décisif aujourd’hui pour un État, c’est d’attirer, dans le pays, des centres de décision économiques et de conserver ceux qui y sont implantés de longue date. Cet objectif s’avère essentiel pour l’indépendance et la sécurité nationale mais également pour le développement de l’emploi et des industries adjacentes. Les activités de recherche et de développement se situent souvent dans le même lieu que le siège de l’entreprise.
Le Développement Durable Généralisé au Maroc a la Méthode Brésilienne:
Said El Mansour Cherkaoui on Latin America
Sudamerica América do Sul South America Amérique du Sud Said El Mansour Cherkaoui: saidcherkaoui@triconsultingkyoto.com Author: Said El Mansour Cherkaoui holds a Doctorate on Economics from the Université de la Sorbonne and the Institut des Hautes Etudes de l’Amerique Latine, Paris. Dr. Cherkaoui conducted Research and is a Published Author at the Centre de Recherche et de Documentation sur … Lire la suite de
L’Afrique toute entière est actuellement dans une phase critique pour élaborer et mettre en place des stratégies de développement durable généralisé basées sur des vecteurs et des pôles tournés vers le renforcement d’un patriotisme économique, une nationalisation financière et une solidarité sociale nationale et “périphériquement” régionale et limitrophe. Le Maroc demeure le phare dans cette transition vu sa proximité géographique de l’Europe et la diversité de ses régions ainsi que leurs disparités affligeantes.
Pour cela, la régionalisation ne doit pas devenir le moyen d’accentuer les déséquilibres, mais une stratégie durable et innovante dans la mise en valeur des ressources locales et régionales en réponse aux besoins nationaux d’un développement durable et nationalement “sustainable.”
Une décentralisation adéquate doit en effet mettre fin aux enclaves économiques et même culturelles héritées des besoins d’antan de la conquête de l’espace et d’un conséquent besoin de contrôle social. Une telle régionalisation d’ordre colonialiste avait permit la création et la pérennité de l’existence d’un antagonisme régional au Maroc entre “l’utile et le Rebelle Inutile.” Ce déphasage institutionnel favorisa l’émergence d’enclaves économiques disparates et inégales qui étaient seulement soudées par leur niveau de contribution dans l’exportation des biens de consommation courante et des produits agricoles et miniers. L’industrialisation n’était point ancrée dans les exportations ni dans une stratégie de développement d’ordre national; elle devenait même une victime de la politique de substitution aux importations prônée au Maroc par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Par ce biais, on chercha a imiter le Modèle Brésilien du milieu des années cinquante sous la présidence de Juscelino Kubitschek.
“Pour répondre à cet enjeu, les autorités brésiliennes ont pris deux décisions qui allaient modifier le cours de l’histoire du pays et avoir des conséquences imprévisibles à l’époque. La première fut d’accélérer l’industrialisation de l’économie nationale par le biais d’une politique de substitution aux importations dirigée par l’état. La seconde fut de promouvoir de manière volontaire la colonisation de l’immensité occidentale du territoire national. La relance de la Fabrique nationale de moteurs (FNM), l’Institut technologique de l’aéronautique (ITA) et le Centre de technologie aéronautique (CTA), Petrobras, l’inauguration de Brasília et les «50 ans en 5» [de la planification du développement national] de l’épopée juscelinienne sont devenus les symboles majeurs de ces temps nouveaux.” 4
Face a de telles imitations tronquées, la structure du pouvoir de décision marocain doit négocier, en tant qu’entité nationale ayant conscience et défendant ses propres besoins régionaux. Le Maroc devrait intervenir sur le marché international en mettant en avant des conditions répondant a ses exigences et en fonction de facilités adaptées a son insertion dans l’économie internationale et la nouvelle division technologique internationale du travail et de la consommation adjacente.
Cette nouvelle stratégie nationale doit ne pas se concentrer sur les seules décisions purement économiques et relever ainsi des instances correspondantes, elle doit surtout englober en son sein tous le ministères concernés tel que les affaires diplomatiques, financières, économiques, culturelles et sociales au Maroc. Cette commission inter-ministérielle et multilatérale doit être investie d’une légitimité de mener des négociations, d’adopter un cahier de charges avec des indicateurs de performance, d’utiliser d’un calendrier d’identification des réalisations datées et d’imprimer un rythme de concrétisation a chacune de ses constituantes selon son espace d’intervention et son domaine d’application avec une approche complémentaire et cohérente avec le reste des autres représentations ministérielles constitutives.
“Pour tenter de renforcer le poids du Brésil dans les négociations internationales, le ministère des Relations extérieures décida de prendre ses distances avec la priorité traditionnellement accordée au dialogue avec l’Europe et les états-Unis, et de privilégier les relations avec les grands partenaires du monde en développement. L’objectif était d’apparaître comme un médiateur indispensable entre le Nord et le Sud en devenant un porte-parole audible des pays émergents et en développement. ….[A travers la poursuite d’une telle politique internationale. le Brésil avait réussi a s’affirmer tel qu’un] axe central en Amérique du Sud et acteur «global» en tant que médiateur Nord-Sud: il ne s’agit plus simplement de chercher l’autonomie par la participation mais de prendre part aux décisions.”
Le Maroc devrait étudier de prés l’expérience brésilienne comme aussi celle de la Chine tout en corrigeant certains de leurs excès et d’adapter certains de leurs acquis pour en faire une donnée essentielle de sa propre stratégie de développement national.
L’Etat Marocain, Principale Force du Développement Durable Généralisé
La mise en valeur des ressources, tant naturelles, humaines, économiques, culturelles que financières si ce n’est renouvelables doit être stimulée par une croissance économique que les autorités locales, régionales, de tutelle et l’Etat Central doivent en être les garants et les pourvoyeurs a travers leur engagement solidaire et constitutif d’une manière locale mais complémentaire au niveau national.
Cette contribution directe est synergique en essence et elle est basée sur une distribution équitable et proportionnelle tant au niveau de la participation qu’a celui de l’apport mais aussi sur le plan des retombées et des récompenses y compris l’installation locale des vecteurs et des créneaux porteurs. Cette croissance économique demeure d’ordre nationale mais en fait elle est d’origine régionale.
La réalisation de cette croissance économique doit favoriser en premier le renouvellement des structures nécessaires a sa traduction sociale et a son expression politique, la formation des cadres et la qualification technologique de la main d’œuvre, l’attrait et la réalisation des investissements d’infrastructure et la légalité des opérations adjacentes et conséquentes.
L’Etat Central doit se réinvestir d’un rôle primordial dans l’instauration d’une discipline fiscale, légale et constitutionnelle afin de réglementer et de régler la création et l’insertion ainsi que le contrôle d’un ordre effectif et discipliné entre les objectifs, les ressources et les priorités au niveau des dépenses budgétaires.
“Une nouvelle alliance [entre la sphère de la decision politique] avec le peuple doit se fonder en premier lieu sur l’affirmation des droits des citoyens: droit à une information transparente, indépendante et accessible, éloignée des jargons technocratiques et technicistes; droit par l’apprentissage à la maîtrise des différents scénarios sur lesquels arbitrer; droit à la construction collective des choix qui structurent le présent et engagent l’avenir. Elle implique aussi de reconnaître les compétences et les capacités d’intervention de chaque acteur et de partager les résultats quand ils sont au rendez-vous…” 6
Ce rôle de l’Etat doit aussi favoriser l’émancipation les réelles potentialités des régions afin de les dégager de leur assujettissement au rôle folklorique en tant qu’industrie conjoncturelle et séduisante pour les seuls besoins d’attirer les devises. Dorénavant, les devises doivent provenir de l’insertion directe de la région dans le tissu national industriel et de leur participation directe dans le développement de leurs propres canaux de distribution et de communication avec la demande internationale par l’établissement de pacte bilatéraux avec les régions des autres pays, en tout premier les pays limitrophes.
Cette insertion régionale périphérique et limitrophes peut servir aussi comme fondement d’une politique pour une intégration régionale entre les pays voisins pour effectivement accélérer la fusion de leurs propres régions dans un processus de développement durable généralisé incrusté dans les frontières politiques nationales mais connectant avec des régions économiques transnationales.
De ce fait, le développement durable généralisé harmonise sa raison d’être économique dans la productivité avec sa expression sociale dans la spatialité.
Notes Additionnelles
Mes concepts sur le développement du Maroc possède des branches similaires et des ramifications complémentaires basées sur l’existence d’un tronc commun pour mes pensées et mes analyses.
Ma vision sur ces sujets se définit surtout dans la diversité de mes écrits sur le sujet du développement et peut englober plusieurs domaines d’application qui peut s’étendre et inclure le marketing international jusqu’à la régionalisation du développement des ressources locales au fin fond de l’Atlas.
De ce fait, pour situer mon article sur le Développement Durable Généralisé dans le cadre de mes analyses sur le Maroc et d’avoir une vue plus complète sur le plan de la globalisation et la régionalisation du Maroc, veuillez aussi consulter les articles cités ci-dessous que j’avais publié auparavant:
Dr. Said EL Mansour Cherkaoui – Contact information: saidcherkaoui24@gmail.com
Développement Durable Généralisé du Maroc by Said El Mansour Cherkaoui is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Sélective source bibliographique:
1) Stratégie de développement durable 2014-2017.
2) Ezra Suleiman: Les limites du patriotisme économique, Le Figaro, 15/10/2007.
3) Marie-Françoise Delaite et Jacques Poirot: Patriotisme économique et développement durable, Economic patriotism and sustainable development.
4) Alfredo da Gama e Abreu Valladào: 30 avril 2010, Bresil: le Defi de “l’interdependance responsable” Notes de Conventions, http://convention-s.fr/notes/bresil-le-defi-de-linterdependance-responsable/
5) Alfredo da Gama e Abreu Valladào: 30 avril 2010, Bresil: le Defi de “l’interdependance responsable” Notes de Conventions, http://convention-s.fr/notes/bresil-le-defi-de-linterdependance-responsable/
http://www.cbsa-asfc.gc.ca/agency-agence/reports-rapports/sds-sdd/sds-sdd-14-17-fra.html
Source: http://www.sante-environnement-travail.fr/actualite.php3?id_article=5144
6) “L’Etat doit engager d’urgence une réforme du dialogue environnemental,” 27/02/2015, Article validé par la rédaction, comite21, http://www.lexpress.fr/emploi/business-et-sens/l-ett-doit-engager-d-urgence-une-reforme-du-dialogue-environnemental_1652099.html
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« M. Carl Schiller paraît en perte de vitesse », page 14